Dès le départ l'aspect très granuleux de la matrice métallique (visible avec une loupe bino et parfois même à l'oeil), m'avais paru très étrange. La fragmentation, les angles et la répartition des olivines était aussi assez surprenante ...
Cet aspect granuleux avait d'ailleurs mi plusieurs personnes sur la piste d'une fausse pallasite, voir cet article d'Emmanuel Dransart et Patrice Guérin (qui en ont même reconstitués) article en français :
http://articles.adsabs.harvard.edu/cgi-bin/nph-iarticle_query?2005O%26T....61....2D&data_type=PDF_HIGH&whole_paper=YES&type=PRINTER&filetype=.pdfLa plus part des échantillons avaient un taux de Ni réaliste, mais celui acheté par un copain et que j'avais analysé à l'époque avait un taux de Ni vraiment trop élevé (dans les 30-35% de mémoire).
Au niveau chimique, il y à pas mal d'anomalies, le taux de Ni est globalement bon (à part certains échantillons), mais surtout les olivines se sont pas du tout rééquilibrées chimiquement par rapport au métal, signe d'un refroidissement très (trop) rapide (probablement que les impératifs économiques des faussaires ne leurs ont pas permis d'attendre les millions d'années nécessaires pour un refroidissement "dans les règles").
Le phosphore et le cuivre n'ont pas été détectés. Les sulfures, les phosphures, les phosphates, la chromite et les phases porteuses d'Al n'ont pas été trouvés.
La matrice métallique est un eutectique métal-wustite qui n'a jamais été détecté dans les météorites !
Les minéraux accessoires sont atypiques des météorites, et les phases accessoires typiques des météorites de fer pierreux sont absentes.
Le rapport Pt / Ir est 40 × le rapport solaire, semblable à celui des gisements de minerai de Cu-Ni (terrestre).
Et pour finir les isotopes de l'oxygène dans les olivines est sur la ligne de fractionnement terrestre (TFL), δ17O = + 2,44 ‰, δ18O = + 4,63 ‰, Δ17Ο = 0,002.
Donc le faux est définitivement démontré, les auteurs ne sont toujours pas identifiés, c'est quand même un très beau faux qui tient la route visuellement et qui à nécessité un sacré savoir faire, heureusement qu'ils ont quand même commis quelques erreurs "facilement" détectables.