La plus rare météorite de votre collection

Après la plus belle, voici maintenant la plus rare météorite de votre collection
Je vous prépare plusieurs photos car le choix est très difficile entre les Françaises et les historiques...

Je commence avec Alais, Chute observée Française de 1806, une des 6 CI observées comme Orgueil et Ivuna mais bien plus difficile à trouver
A+
Laurent

Dur de choisir la plus rare dans ma collection.

Outre la masse de Villalbeto de la Peña, je citerai trois françaises que voici en photo :
- en haut à gauche : Angers (L6 tombée le 3 juin 1822)
- en haut à droite : Alby-sur-Chéran (eucrite trouvée en mars 2002)
- en bas : Le Teilleul (howardite tombée le 14 juillet 1845)

Hum, très difficile de dire quelle est la plus rare.

Tout dépend de la signification que l'on a du concept de rareté...
En tant que type de météorite rare, ce serait mon tout petit bout de NWA 011, à peine visible ...

En tant que chute "historique" il s'agirait de la météorite du Hainaut, tombée en 1934 dont je possède ~411 g en deux morceaux, et de loin la première masse privée dans le monde.

En tant que rareté "personnelle", c'est certainement les premières météorites que j'ai trouvé, et que je garderai intactes ..la toute première est une CO3 d'environ 70 g

Pour les raretés introuvables, ce serait les 3 météorites belges (St Denis, qq fragments; Lesves ~2 g et Tourinnes-la-Grosse ~30 g , toutes tombées au 19° siècle et considérées comme patrimoniales pour le pays.)

L'une des météorites de ma collection qui , je pense, est très rare, est une Gibéon...
Il en existe plus de 30 tonnes, des milliers de tranches et de spécimens complets sont disponibles. Et pourtant, la tranche que je vous présente n'existe qu'en 5 ou 6 exemplaires dans le monde, tous forcément issus de la même pierre.
Deux exemplaire appartiennent à un célèbre joaillier de Vienne (dont l'un a été monté en bijou géant), une autre tranche se trouve dans la collection d'Anne Black, j'ai répéré une tranche en expo à Einsisheim il y a trois ans, et probablement qu'il existe encore 1 ou 2 tranches ailleurs.








Les figures de widmanstätten ont été doublement "choquées" lors de la fragmentation de la masse pendant la traversée atmosphérique... ce qui montre la puissance collossale des forces de tensions qui ont prévalu lors de la rupture du bloc initial dans la très haute atmosphère. (voir aussi cette autre tranche de ma collection qui illustre parfaitement cette rupture: http://users.skynet.be/meteorite.be/Collection/gibeondeformee2.jpg )

Dans le haut de la tranche il y a une zone arrondie constituée de grains de taenite, dont la structure est différemment orientée, et entourée par une zone de kamacite pure.

La pierre s'est orientée, et le métal a complètement fondu à l'avant de la météorite, liquéfiant une grande inclusion de Troilite (initiallement arrondie).
Les alternaces taenite/Kamacites sont encore visibles dans la partie fondue, sous forme de microstructures très allongées ayant le même aspect visuel que les cernes de croissance d'une planche de sapin. C'est presque similaire à une structure d'ataxite riche en Nickel.

La tranche "soeur" a été reprise dans le "Meteorite -Août 2001; pg 31-35", dans un article relatif aux 3 Gibeons anormales connues. Deux d'entre elles sont dans ma collection [/code]

Superbe ces "déformations"
La tranche suivante a t-elle subie le même type de "choc"
A+
laurent

Non, il ne s'agit pas de choc. Il s'agit de cristaux "géants " de kamacite, parcourus par de lamelles très fines de taenites, + ou - parrallèles. On peut retrouver d'autres orientations des cristaux géants sous forme d'autres plans de "coupes", mais toujours associés à la même phase de croissance octahédrite de la Taenite.

Les cristaux de Kamacite se sont formés à un niveau de température inférieur à la température nécessaire pour former les figures habituelles. Lors de fusion et la cristalisation de la Taenite, des morceaux de kamacite se sont réassemblés, fondus et réarrangés en un seul cristal, plus grand. Il n'est pas rare de voir de telles structures dans les météorites métalliques, et pas toujours dans le même plan que les figures de Widmanstätten. Obtenir les trois plans de cristallisation géante sur la même tranche est en principe rarrissime.

On voit aussi régulièrement dans les tranches métalliques les différentes phases de recristallisation, où les figures semblent décallées les unes des autres.

C'est une très belle tranche, d'où provient elle?

Celle-ci était à ensisheim en 2001, surement chez le même vendeur que la tranche que tu as vu.
Dans le même style une autre tranche de ferreuse que j'ai trouvé sympa avec son inclusion en forme de clou
A+
Laurent

c'est de la cristobalite probablement, pour l'autre tranche, j'ai retrouvé la photo et c'était à Munich en 2002... cela commence à dater...

La plus rare...
Comme Vincent l'a déjà dit, tout dépend suivant quel critère l'on défini la rareté.
Nous choisirions plutôt la rareté dans le type, alors voici un premier exemple : Agoult, classifiée eucrite mais qui possède une structure de matrice unique.
C'est un tout petit individu (2g) orienté recouvert de la magnifique croûte de fusion brillante des achondrites.

Belle pièce, j'adore les petites complétes recouvertes de croute
Je n'ai pas la chance d'en avoir une complète, juste une belle tranche qui nous laisse admirer sa structure "grains de sucre", une beauté à la bino



Une autre pièce que j'apprécie autant pour son nom que pour la diversité "visuelle" de sa matrice : Millbillillie
Aucune de se ressemble elles sont toutes uniques :

Millbillillie est aussi belle en tant que pièce complète et remarquable par sa couleur, liée au sol rouge du continent australien. C'est souvent à ce détail qu'on la reconnait au premier coup d'oeil.

Voici une belle pièce de ma collection d'une masse de 18g :

C'est vrai que Millbillillie est très sympa comme eucrite, différentes phases de fusion/formation de la roche y sont très bien visible, c'est vraiment typique d'une roche métamorphique.

L'une des question qui me vient toujours à l'esprit au sujet de cette météorite est :
Si cette météorite est tombée en 1960, pourquoi les spécimens sont ils toujours de teinte rouillée? Je ne connais pas bcp de spécimens parfaitement bien conservés avec une croûte noire brillante.
Est-ce le sol qui a été cuit sur les météorites au moment de l'impact? Est-ce une terrestrialisation fulgurante? Millbillillie est -elle réellement la météorite dont la chute a été observée en octobre 1960? Est-ce la croute de fusion qui a été dissoute en surface par des bactéries météoritophage?

D'autre part, je trouve qu'on devrait instaurer un système de valeurs d'échange des météorites, exprimé en" Billillie" Ainsi, on aurait des météorites d'une valeur de 1 billillille, 10 billillies, ou 1000 billillies... qu'en pensez vous?

Salut Vincent,

je crois que la couche rougeâtre s'est déposée sur les spécimens mais qu'elle peut être assez facilement retirée. On voit de temps en temps de belles Millbillillie nettoyées, donc noires (aspect alors proche des Camel Donga) mais je trouve que ça leur retire leur charme.

Pour répondre à 20-100 certaines ne présentent cette coloration que sur une seule face, le sol du bush australien pour y avoir passé un bon moment, possède cette couleur "rouille" inimitable et si caractéristique des millbillillies



Certaines très "fraîches" montrent bien comment cette couleur s'est incrustée lors du contact avec le sol, la poussière rouge à comme collée à la croûte (voir notamment dans les craquelures)


Tenter de la retirer est très risqué, la croute est trop fine et la météorite sera dénaturée.
Nettoyer une millbillillie pour quelle ressemble à une camel donga qu'elle drole d'idée

A+

Pour illustrer cette discussion sur Millbillillie voici deux échantillons de la collection, une complète de 37,84g et une demi-pierre de 63,51g. Cela ne se voit pas forcément sur la photo mais l'individu complet possède une face colorée par le sol du bush australien sur lequel il reposait. Si mes souvenirs sont exacts, les premières pierres ont été retrouvées au moins une année après la date de la chute supposée. Petite anecdote, c'est dans un lot de Millbillillie que Robert Haag a reconnu comme telle la première lunaire découverte en dehors de Antarctique!