Saint Aubin : traitement et stabilisation indispensables

j'ai fait quelques expériences sur de la Saint Aubin trouvée récemment

les deux 1eres vues concernent une pièce entière de 300 g qui n'a subi aucun traitement, sauf celui qui consiste à lui retirer mécaniquement sa gangue. La météorite était placée en appartement avec une hygrométrie variant entre 60 et 65% et à 20°C
Au bout de 3 jours, des perles verdâtres apparaissent

ces perles verdâtres recueillies en tube à essais sont diluées 50 fois dans l'eau distillée;
deux tests sont faits:
- une goutte de nitrate d'argent décimolaire donne un beau précipité blanc de chlorure d'argent
preuve de la libération d'ions chlorure par la météorite.
- un ajout d'une goutte de soude molaire fait apparaître un précipité vert d'hydroxyde de fer II
il y a donc des ions fer II et des chlorure dans ces gouttes de "sueur"



sans un traitement long, pointu et efficace, la météorite va irrémédiablement finir en poudre, en commençant par se fissurer en lamelles parallèles comme sur ce petit morceau

voici maintenant deux gros plans sur une entière de Saint Aubin traitée évidemment longuement et avec compétence par notre Pierrot

remarquez à la surface ces polygones (ils évoquent ceux que l'on rencontre lors de l'asséchement d'une flaque de bouche)
et aussi cet édifice de cristaux analogues aux trémies du sel marin (on voit aussi ces structures dans de la Nantan et dans des Campo et aussi dans des Gibéon)  largeur de champ 3 cm environ

Belle manip

merci Roger

Bien joué, maintenant vous savez où aller. 
(ils évoquent ceux que l'on rencontre lors de l'asséchement d'une flaque de bouche) : dis-donc Marc t'aurais pas commencé ton réveillon ? 

oui Léon, j'ai déjà la bouche pâteuse !

Beau boulot Marc,
Joyeux Noel à tous 

Merci Marc pour cette initiative. Ton post est très instructif. Voici le cas particulier d'une petite "Iron shall" formée en conditions spéciales (anaérobie) dans le sous sol crayeux. Pour les pièces mises à l'air libre, je confirme que sans travail très sérieux de stabilisation, le résultat est malheureusement une violente dégradation de la matière saine qui est accélérée par la suppression de la gangue protectrice qui les recouvre. 

Version moins rouillée..

Mais la St. Aubin de 3kg+ que Pierre m'a envoye il y a au moins un an et demi se porte toujours tres bien, pas la moindre rouille et pourtant elle est tout simplement sur une étagère entre une tranche de Huckitta et une tranche de Gibeon. Aucun traitement special de ma part.
Et le Colorado est moins humide que la France mais ce n'est pas l'Arizona!

J'adore le " sur de la Saint Aubin trouvée récemment "  ...  
Merci du retour sur l'experience meme si je capte pas toute l'histoire des ions.


Vraiment mignone cette petite iron shall , on croirait presque une sericho avec sa gangue.


Anne, si la pierre ne pleurt pas, c'est qu'elle est heureuse d'être avec vous.  




JOYEUX NOEL A TOUS !  

impactika a écrit:

Mais la St. Aubin de 3kg+ que Pierre m'a envoye il y a au moins un an et demi se porte toujours tres bien, pas la moindre rouille et pourtant elle est tout simplement sur une étagère entre une tranche de Huckitta et une tranche de Gibeon. Aucun traitement special de ma part.
Et le Colorado est moins humide que la France mais ce n'est pas l'Arizona!

Tant mieux Anne, bonne nouvelle, mais elle a reçu quelques soins quand même et une bonne période de quarantaine avant le grand voyage vers les USA. Le taux d'humidité y fait beaucoup également. Le traitement en version "black" (pas de jeu de mot) est celui qui garanti la meilleure stabilité sous nos climats avec des taux d'humidité parfois élevés pendant de longues périodes.
La limite fatidique pour les pièces mal stabilisées ou juste  protégées par tous types de produits cosmétiques(wd40, huile, parrafine etc...,) se situe autour de 50%. Chez nous, une semaine de pluie d'été et c'est la mauvaise surprise...

On ne dit pas plutôt iron shale ?

Léon a écrit:

On ne dit pas plutôt iron shale ?

Oui tout à fait. Moi aussi j'avais commencé le réveillon... 

En voyant les Saint Aubin de Marc des perles de sueur froide sont apparues sur mon front. J'ai couru voir mes grosses Saint Aubin. Heureusement après un an chez moi, elles sont en parfait état, Ouf!

oui mais cette saint aubin qui perle n'a subi aucun traitement

celles qui ont été traitées par Pierrot sont parfaites: les tranches comme les entières, et ça, quelque soit leur masse

Divagations post-réveillons, induites par la remarque de Ehbadidon.
 

Hors de tout discours académique et à l'abri des représailles… je tente une approche non conventionnelle, du genre farfelu.

La Nature est stable, vous semble-t-il. Même en période des fêtes, on peut en douter.

Si vous abandonnez un clou sur la terrasse, il va spontanément rouiller.

Que vous le vouliez (je ne pense pas) ou non, une réaction chimique s'est produite.

Dans le clou, les atomes sont dits neutres. Ils se trouvent au rez-de chaussée énergétique. Les chimistes disent au degré d'oxydation zéro. Rien ne passe (encore que le fer est un métal et que les atomes sont unis par des liaisons métalliques, comme l’aurait dit Mr de La Palice).

Mais si vous ajoutez un peu d'humidité (comme sur les météorites), le fer rouille à l’air, car il faut de l’oxygène pour monter les escaliers.

Le fer est ainsi monté de 1 ou plusieurs étages (en général, le 2e et le 3e - le 4e intervient dans la teinte des améthystes). (Il existe des inhibiteurs, mais là le problème ne nous concerne pas ici).

étant à l'étage, le fer ainsi conditionné va sauter sur tout ce qui passe, surtout si ces intrus ont un caractère déprimé au point de se cacher à la cave -1 ou -2 généralement. C’est le cas du soufre et de l’oxygène.  Les chimistes définissent cet état comme réduit.

En fait, pour que la réaction se produise, il faut que le fer monte et que l’oxygène descende. À ce niveau les atomes font un échange d’électrons. C’est cela une réaction d’oxydoréduction. 

Exemple, le clou.

Le fer est au 3e, l'oxygène est au -2. Pouf!

Cela fait Fe & O, en réalité, on écrit Fe3+ et O2-.

Pour des raisons de liaisons équilibrées, ce n'est pas toujours Fe+S=FeS comme dans la trolite. Le clou donne Fe2O3. C'est une question  de proportions. Ce serait évidemment trop simple (au sens du français littéraire et non au sens de la langue vernaculaire où j'ai trop bon de collectionner les météorites). Et c’est plus complexe car l’eau de l’humidité laisse des traces (OH-) et H2O. 

L’exemple du clou paraissait simple, car habituel, mais l’explication l’est moins. L’oxyde de fer (étage 3) hydraté (soit des OH soit des H2O), a un caractère basique. Il est aussi avide d’acides.
Le CO2 (à caractère acide, car c’est un oxyde d’un non-métal ou métalloïde) tant honnis de nos jours, s’incorpore aussi dans la formule, un piège inattendu.

Le résultat, c’est que la formule de la rouille est impossible à définir. La rouille n’a pas cristallisé (la cristallisation est une méthode de purification comme la distillation pour les liquides). 

La formule de la rouille est Fe2O3.nH2O + persillée d’ions carbonates négatifs (CO3)2-.

Pour être plus rationnel, c’est la limonite qui se rapproche le plus de la rouille :

FeO(OH) . n(H₂O). Et ce n’est pas nettement mieux. 

Corollaire de ceci : les atomes ayant quitté les rez-de-chaussée, vers le haut ou vers le bas, sont appelés ions (cations ou anions selon le signe) car ils ont perdu ou gagner des électrons.

COROLLAIRE SAPTIAL

La chimie de l’espace est assez particulière car elle se situe dans un milieu réducteur.

La Terre est un milieu oxydant depuis 3,9 milliards d’années.

Vous trouverez dans l’espace, la schreibersite (phosphure de fer) qui sur terre se transforme en phosphate. Elle n’existe pas sur Terre, sauf dans des labos.

Le soufre oxyde le fer en troilite FeS, avec seulement le 2^e étage pour le fer. Car le soufre est un élément homologue de l’oxygène. Le verbe « oxyder » ne veut plus dire qu’on utilise de l’oxygène pour monter l’escalier. C’est uniquement le fait de monter.

Curieusement, la pyrrhotite est typiquement une molécule terrestre alors que les proportions de fer et soufre ne sont pas totalement satisfaites comme dans la troilite. La troilite naturelle terrestre est quasi inexistante. Je ne me suis jamais expliqué cette situation (pas encore ?).

À l’opposé, la pyrite, l’or des fous, FeS2, abondante sur Terre (dans leslocalités où il y a du soufre) me semble inexistante chez les astéroïdes. Un fort en thème pourrait me confirmer cela.

La raison se trouve peut-être dans le fait que l’anion disulfure semble ne pas exister dans l’espace. Il s’unit à lui-même par covalence pour donner (S-S)2-. Cette réaction est abondante sur Terre. Car sur terre le soufre polymérise facilement. 

Voilà, je crois avoir ajouté de la confusion à ce qui est simplement écrit dans vos cours d’étudiants, mais semble-t-il que vous n’avez jamais compris non plus.

La chimie est une science importante. Ses composantes fondamentales semblent à bout de souffle, mais son extension vers la biochimie est stupéfiante.

Et une voiture électrique roule encore avec l’électrochimie, tout autant que la voiture à hydrogène ! On y retrouve toujours des réactions d’oxydoréduction.

 Joyeux réveillon, je vous ai endormis.

c'est la chimie poétique
merci Roger et bonnes fêtes

Merci Marc,
et la pyrite dans l'espace?

Joyeuse nouvelle année.

Un grand merci a vous, monsieur Warin pour ce cours particulier que je vais relire plusieurs fois avant de tout comprendre exactement.
J'adore la chimie en pratique tout autant que la musique, le probleme c'est que le côté théorique de la chimie est aussi compliqué pour moi que le solfège.
Je vous promets que je vais faire un gros effort pour apprendre tout le coté un peu plus scientifique des météorites et le coup des cations / anions en fait parti.
Je suis très honoré de ce cours particulier. 
 Encore merci.

Je vous souhaite tant qu'il est encore temps une très bonne année aussi .

Bonjour Ehbadidon,
Merci pour votre commentaire. La chimie révulse, un peu comme les maths.
Mais il faut essayer de la lire comme un roman et non comme comme une suite abstraite de formules.
En discuter par exemple à la terrasse d'un bistro est plus utile que de suivre un cours sévère.
Plus simplement, s'il y a une notion que vous ne percevez pas, vous pouvez toujours poser la question.
à bientôt, 
Roger (tout simplement).