Lames minces MARS

Bonjour à tous, bonjour Meteorpassion,

Pourriez-vous me communiquer les références des vos deux chartes de couleurs d’interférence ? Merci.

A mon tour de vous proposer une TS de ma collection, la plus belle. Je vous invite à participer à sa découverte, mais je vous révèle tout de même sa personnalité. Il s’agit de NWA 2737 CHAS découverte par Bruno Fectay et Carine Bidaut. Je vous envoie une vue et un détail de ce monument martien. Bruno et Carine l’ont familièrement baptisée Diderot. Savez-vous pourquoi ? J’ai eu l’occasion de voir la météorite à Ensisheim, il y a longtemps déjà.
Elle est bien décrite dans la littérature du web.

Il y a beaucoup à dire à son sujet, mais je vous l’envoie ici comme exemple d’analyse des couleurs, sujet dont on vient de parler. Elle sera également un joli exemple de pétrologie planétaire et cette roche peut également être terrestre.

Au fait, connaissiez-vous l’article que j’ai écrit en 2008 dans Minéraux & Fossiles, nos 370, 372 et 373. Il est intitulé « Roches célestes ». Ceci n’est pas une pub, puisque la revue est éteinte. Je la remercie d’ailleurs d’avoir accepté de publier un article difficile, même si il présente une centaine de bonnes photos de TS. Minéraux & Fossiles avait une grande ouverture d’esprit. Mon souhait est que par la connaissance des roches célestes, vous découvriez la beauté des roches ignées terrestres, un type de collection qu’on ne connait pas (excepté les caisse de cailloux empoussiérées des univs). Mais il n’y a pas de chondres, puisque notre boule est différenciée…

A +

Fine Lame.

Bonjour voici le lien :
http://www.unige.ch/sciences/terre/mineral/optic/micropol/micropol_birefringence.html

C'est curieux et pas surprenant que ce soit la même séquence de couleurs de l'oxidation du titâne.
Comme la couleur de la couche d'oxide de titâne est définie par son épaisseur et c'est aussi une couleur par interférence, le paralelisme est parfait. J'en ai déjá fait bon (ou beau) usage.

Bonjour Fine Lame,
Diderot est né à Langres, aussi lieu de chute de Chassigny.
NWA 2737 est une dunite roche composé à plus de 90 % d’olivine. Par contre les couleurs de l’olivine sont plus sombres que d’habitude. Une recherche sur internet m’a conduis à cet article ( http://www.planetary.brown.edu/pdfs/3742.pdf) qui explique la couleur particulière par des particules de fer dispersées dans le minéral.
Dans la 2e photo je crois noter, corrigez moi si je me trompe, un grain de pyroxène (couleur gris vert et quelque clivage) juste à droite de l’olivine avec un œil.
Vincent

J'allais oublier:
Où peut-on trouver les nos 370, 372 et 373 de Minéraux & Fossiles? J'aimerai bien pouvoir lire l'article « Roches célestes »

Maintenant il faut vous presenter le reste de la famille martienne, donc voici les deux autres.
La premiere: Nakhla en personne!
La deuxieme: NWA 5990 shergottite.

Enjoy!!!

Re-bonjour à tous,
Bonjour Anne,
Prenez-vous ces belles martiennes à Ensi?
Vous devinez pourquoi.
Toute à l'heure, j'apporterai un grain de sel (peu salé) aux aimables correspondants que j'ai titillés.
@ +
Fine Lame,
PS relisez les articles sur dunite. Les pros ont tout expliqué, il suffit de les relire. Mais on peut être distrait et cela m'arrive souvent.

Suite de NWA 2737 CHAS (la 2^e chassignite martienne).

Première remarque, les couleurs issues de la polarisation croisée n’ont aucune corrélation avec les éléments chimiques. Ce sont des couleurs artificielles dépendant des indices de réfraction des minéraux induisant des retards d’onde et rompant ainsi + ou – la polarisation croisée. Ce domaine n’est pas simple à vulgariser en peu de mots et sort du cadre du forum, il me semble. C’est un peu comme si on commentait le ferromagnétisme ou le paramagnétisme… pourtant utiles dans le monde des météorites. Qu’en pense Dark Angel ?

Sachant que NWA 2737 est une chassignite, automatiquement vous en connaissez la composition, c’est une dunite, martienne celle-ci, car il existe des dunites terrestres et sur Vesta. Elles se trouvent les unes et les autres aux mêmes endroits relatifs de la planète concernée.

Les dunites sont des roches (cumulats) constituées essentiellement d’olivine (~ 87 % pour Diderot). Pyroxènes : ~ 6 %, chromite : ~3 % (un spinelle), un peu de plagioclase,… On trouve aussi un peu d’amphiboles (kaersutite, riche en Ti). Il a été prouvé que cette dunite a été formée à partie d’un magma aqueux. On ne trouve jamais des amphiboles dans les météorites de la Ceinture, car les amphiboles dérivent des pyroxènes par action de l’eau.

Donc, les grands cristaux très colorés, en particulier par ce bleu intense, sont de l’olivine. Une ondulation des teintes et cette intensité seraient corrélées à des chocs (sur Mars).

On voit que la charte des couleurs d’interférence est d’une application plutôt théorique et qu’il vaut mieux se fier à la littérature scientifique.

Remarque : NWA 2737 est vieille de seulement 1,36 milliard d’années et les rapports isotopiques soulignent l’origine martienne. Diderot a donc de bonnes bases comme piédestal.

@ +

Fine Lame.



PS : sans être certain, car ma lame n’a pas été analysée (elle est couverte), il se pourrait que les cristaux à l’intérieur de la petite géode, soient une amphibole (inosilicate comme les pyroxènes, si ce n’est que la chaîne est double et que les groupes OH résultent d’une transformation des pyroxènes par l’eau lors de la cristallisation de la roche.

Bonjour/Bonsoir Roger,
Oui, bien sur j'apporterais toutes ces jolies martiennes a Ensisheim.
Meme Nakhla!!! Mais je n'ai qu'une lame mince de Nakhla!
A bon entendeur........etc.

La leçon de la semaine :EUCRITES
Voici ce que l’on peut considérer comme le 1^er exemple des météorites différenciées, une eucrite. Les eucrites ont été éjectées de (4)Vesta, comme les howardites, diogénites et olivine-diogénites (groupe des HEDO’s).
Puisque le corps parent a été totalement différencié, la totalité du ferronickel a migré pour former le noyau métallique de l’astéroïde. Ces achondrites sont dites évoluées (perte du métal).


L’intérêt d’une lame mince (soit TS, sigle anglais) d’eucrite est de montrer la nature basaltique de la pierre. On y trouvera en particulier des plagioclases typiques (feldspaths) pas souvent visibles dans les TS, car souvent partiellement vitrifiées ou microgrenues dans les chondrites. Le plagioclase est surtout l’anorthose. Les pyroxènes complètent le tableau (clinopyroxène) : pigeonite et augite. L’olivine peut être présente en petites quantités.

Ces achondrites basaltiques sont riches en calcium, leur origine étant magmatique (en fait des coulées de laves extra-terrestres). La plupart des eucrites sont des brèches monomictes (même lithologie).

La teneur en fer oxydé (Fe2+) dans ces pyroxènes est relativement faible, conférant à la roche une teinte gris clair, tandis que les basaltes terrestres correspondant sont gris noir à cause de la richesse en fer des pyroxènes.

L’exemple typique d’eucrite est la célèbre Millbillillie australienne.



Lattes de plagioclase (anorthose) et grains cristallisés de clinopyroxènes.



Cristal de plagioclase (anorthose). Les lignes parallèles internes mettent en évidence la macle polysynthétique (répétée) de l’albite.



Détail, avec dévitrification partielle de la matrice (présence d’olivine possible).





Détail très grossi de cette macle de l’albite, avec aussi des dislocations dues aux chocs

subis sur Vesta.

@ +

Fine Lame.

Roger,
Dans cette derniere photo, entre les cristaux bleus, on dirait des grains, ou des bulles!!!
(non je ne vois pas des bulles partout!!)