C’est reparti pour de nouvelles aventures dans le sud tunisien. Toujours notre petit groupe de trois, avec Fabien & Marie de WWMeteorites.
Nous partons de Djerba le
samedi 30 novembre vers 22h pour rallier Tataouine vers minuit. Conduite de nuit prudente, les routes sont dangereuses et le contrôle technique aléatoire
. Nous retrouvons le confort de l’hôtel La Gazelle en centre-ville où nous avons nos habitudes. Le temps est maussade, il a plu sur la région et il fait froid.
Dimanche 1er décembre, nous avons hâte de rejoindre la zone de chute de Beni M’hira, à 40 minutes de Tataouine en voiture. Les recherches commencent, la fatigue ne se fait pas trop sentir. A la fin de la journée, nous avons trouvé trois météorites. Un petit score qui indique que nous avons déjà bien fouillé la zone et que peu de specimens restent à découvrir.
Deux trouvailles (parmi les 3) sur la zone de chute de Beni M'hira pour notre 1ère journée de prospectionLundi 2 décembre, nous décidons de quitter Tataouine pour rejoindre Ksar Ghilane à l'ouest, en passant par Beni Khedeche. Nous comptons prospecter sur la piste entre Ksar Hallouf et Bir Soltane, où nous avions trouvé l’an passé quelques (vieilles) chondrites. La chance ne nous sourit pas cette fois-ci ; après une journée à marcher et à scruter le sol dans le froid et le vent, nous arrivons bredouille à l’oasis de Ksar Ghilane en début de soirée. Il fait encore plus froid, la nuit sous la tente s’annonce glaciale. Il n’y a pas un touriste, à part quelques routards italiens qui quittent vite l'endroit pour aller dormir dans le désert. Nous prenons quand même le temps de déguster un couscous bien mérité avant de nous endormir.
Le camping Paradis à Ksar Ghilane, désert.Mardi 3 décembre, notre objectif de la journée est de nous rendre sur la trouvaille Ksar Ghilane 002, une météorite martienne de 538g découverte par une équipe espagnole en 2010. Notre rêve, en trouver d'autres fragments. Le point de chute est entouré de quelques cailloux déposés là par les découvreurs en guise de mausolée. Nous empruntons d'abord une piste bien cassante entre Ksar Ghilane et la piste qui descend vers El Borma ; puis nous quittons cette grande piste pour en rejoindre une autre particulièrement roulante, avant d'accéder à la zone de chute de la martienne. Nous n'avons pris qu'un 4x4 cette fois-ci, pas question de sillonner le désert ; les arbustes sont de redoutables ennemis des pneus. Pas de fragment de martienne retrouvé mais je trouve un petit fragment de vieille chondrite à 600 mètres de là. Il est probable que ce fragment soit pairé avec la chondrite H4 Ksar Ghilane 006, trouvée également par cette équipe espagnole à 730m de distance. L’analyse de ce petit fragment le dira ou pas.
point d'impact de la météorite martienne KG002petit fragment de chondrite possiblement pairé avec la chondrite H4 KG006Mercredi 4 décembre, ces deux journées bien pauvres en trouvailles ont un peu entamé le moral des troupes. Nous décidons de quitter Ksar Ghilane pour dormir à Zammour où nous avons déjà séjourné. Nous ratons la bonne piste de 18km et empruntons une autre piste, beaucoup plus cassante, mais qui traverse des paysages magnifiques. Ils évoquent pour moi les paysages de Mongolie, la steppe en moins ; j'y retrouve les collines vallonnées, les nuages gris foncés qui tâchent de noir les reliefs, l'impression d'immensité et de solitude… Nous faisons une quarantaine de kilomètres sur cette mauvaise piste avant de trouver la sortie, à proximité de Matmata. Nous sommes bien plus au nord que prévu. La route de Beni Khedeche est mal indiquée et nous empruntons alors une nouvelle piste, qui serpente dans les montagnes. Au bout d’une quinzaine de kilomètres, la piste s’interrompt brutalement ; un éboulement a eu lieu. Marche arrière périlleuse en frôlant le précipice et nous arrivons tant bien que mal à rejoindre une autre piste en contrebas. Le 4×4 est indispensable. La nuit tombe, nous sommes fatigués, le niveau d’essence descend très bas (Ksar Ghilane n'avait pas été réapprovisionné par les trafiquants d'essence), il faut absolument trouver quelqu’un pour nous guider ou nous risquons fort de devoir dormir dans le 4x4. Fort heureusement, nous croisons dans la nuit deux personnes du coin qui ramassent du bois et qui acceptent très gentiment de nous indiquer le chemin. Nous suivons leur 4×4 pendant quelques kilomètres. La route goudronnée apparaît enfin. C’est exténués que nous arrivons à Zammour dans la soirée. Nous logeons dans une maison d’hôtes troglodyte. La température y est très bonne, l’isolation du froid parfaite.
des paysages de rêve pour chercher des météorites, et ceci à perte de vuepetite rencontre au coin d'un rocherJeudi 5 décembre, après une bonne nuit passée dans ce village, nous allons explorer de belles zones sur la piste qui relie Zammour à Bir Soltane. Marie découvre coup sur coup trois fragments de météorites de petite taille; deux au moins appartiennent de façon quasi-certaine à la même chute. La chance lui sourit aujourd’hui. Malgré ces quelques trouvailles, nous décidons de rejoindre Tataouine pour passer les derniers jours sur la zone de Beni M’hira.
l'une des trois trouvailles de Marie ce jeudi 5 décembreVendredi 6 décembre. Nous passons la journée sur l’ellipse de Beni M’hira. Le temps s’est un peu réchauffé, il est enfin agréable de marcher dans le désert. Je découvre ce jour-là deux météorites dont un superbe spécimen de 200 grammes mais la récolte est maigre. Nous avions bien travaillé lors de nos quatre précédents voyages. Pas de trouvaille météoritique pour Fabien mais il fait fort en trouvant une pièce de monnaie romaine, sur le sol, probablement de l'époque de l'Empereur Constantin Ier (4ème siècle après J.C.). Le soir, pour fêter ces dernières découvertes, nous dînons dans un petit restaurant de Tataouine où nous avons nos habitudes. Un établissement où nous mangeons pour une bouchée de pain de bons plats (10 euros pour 3 gros mangeurs) et où nous sommes choyés par le patron.
le spécimen de Beni M'hira de 204,6g précisément que j'ai trouvé ce vendredi 6 décembreSamedi 7 décembre. Nous passons la journée sur la zone de la diogénite de Tataouine. Nous ne trouvons que quelques grammes, rien de bien folichon. Depuis 80 ans, l’ellipse a été fouillée et refouillée. Il ne reste pratiquement rien. Et en plus, elle est devenue une véritable décharge. L’endroit n’est guère accueillant. Les conducteurs des camions qui viennent vider leur chargement nous observent, se demander ce que trois touristes fous viennent faire dans cet endroit.
Dimanche 8 décembre. Journée tranquille, nous devons être à Djerba ce soir. Nous nous baladons en ville avant de prendre la route. Dans l’après-midi, nous nous installons dans une magnifique maison d’hôtes en plein coeur du souk de Houmt Souk, la maison Dar Bchira.
Lundi 9 décembre. C’est à l’aube que nous rejoignons l’aéroport, direction la France. Ce voyage s’achève, nous sommes un peu déçus par le peu de trouvailles faites mais nous avons passé tous les trois de bons moments.
récit : Pierre-Marie Peléphotos : (copyright) Pierre-Marie Pelé, Fabien Kuntz