Bonjour,
Vous êtes aimables. Ne me prenez pas pour un spécialiste des météorites, je ne suis
qu’un amateur éclairé par mes connaissances chimiques.
Voilà comment je vois la naissance des chondres, non pas à partir d’un infini
lointain qui me dépasse, mais d’une simple nuée de gouttelettes fondues et
autres débris granulaires ou floconneux silicatés ou d’oxydes. Si l’on
considère l’une de ces gouttelettes comme une minuscule alcôve qui a englouti
un ensemble de minéraux quelconques mais correspondant aux roches ignées
anhydres et basiques (cad sans silice pratiquement), on voit une micro-chambre
magmatique. Dans la promiscuité de cette alcôve se retrouvent divers silicates avec
en prépondérance, des pyroxènes, de l’olivine, des feldspaths, mais aussi des
paillettes de métal natif (dit réduit), des sulfures, des phosphures, des
nitrures, et certainement des oxydes doubles souvent de type du spinelle
(magnetite, spinelle, chromite, ulvöspinelle, etc.) ou plus simples comme
l’alumine, les oxydes de fer, de titane, etc.
Tout comme les chambres magmatiques terrestres se différencient par leur
« vécu », il en est de même de nos chondres en fusion partielle ou
totale. Les gouttelettes sphériques (en apesanteur dans l’espace) contiennent
ainsi des proportions diverses de minéraux constitutifs des roches ignées (mafiques,
cad Mg + Fe). Certains chondres sont principalement constitués d’olivines comme
les olivines barrées (BO), d’autres auront plus de pyroxènes comme les
pyroxènes radiés, d’autres seront faits de débris granuleux comme les chondres
porphyriques (à olivine et/ou pyroxènes).
Mais ces alcôves, véritables roches, ne sont jamais pures. Un chondre à olivine contiendra
des feldspaths qui ne cristalliseront pas mais formeront un verre, ou produiront
des microcristaux. Cette phase non ou mal cristallisée, bourrée d’impuretés
diverses, restera en sandwiche entre les barres du monocristal d’olivine (flash
de cristallisation purificatrice). Où voulez-vous qu’elle aille ? C’est la
seule place disponible qui lui reste, prisonnière de son environnement.
Et puis il y a l’enveloppe (la « rim » en anglais ou péridium dans le
Sud-Ouest) faites de débris accolés à la gouttelette en fusion ou par
cristallisation subséquente et dirigée (selon les mêmes axes) à la naissance de
l’olivine barrée comme le montre parfois la continuité optique en lumière
polarisée analysée d’un chondre BO (la couleur virtuelle donnée en polarisation
croisée est fonction de l’orientation des cristaux, ce qui veut dire que dans
certains cas, le monocristal (du moins son réseau cristallin) se prolonge
jusque dans la rim. Plus rarement il apparait une rim de métal-sulfures
(armored chondrule).
La nature est encore plus belle quand on la comprend. Ce sera mon message urbi et
orbi…
Fine Lame.