Tombée sur un lac canadien gelé, cette météorite, une chondrite carbonée, voit sa célébrité grandir au point de faire de l'ombre à sa cousine, la fameuse météorite d’Allende. En plus de faire partie des plus anciennes météorites connues, elle est, d'après les chercheurs de l’Université de l’Alberta, quatre fois plus riche en acide formique que toutes les météorites recensées jusque-là. Cette découverte pourrait nous renseigner sur l'apparition des premières membranes cellulaires sur Terre.
Le 18 janvier 2000 un objet dont la taille initiale devait être d’environ 5 mètres et qui devait peser 200 tonnes est entré dans l’
atmosphère de la Terre au-dessus du Canada. L’événement n’est pas passé inaperçu. La météorite a été détectée par des satellites américains du Département de la Défense et une boule de feu exceptionnellement longue et brillante a été observée par plusieurs témoins. Une série de photos montre la
traînée poussiéreuse laissée par l’entrée de la météorite dans l’atmosphère. La météorite elle-même a explosé en fragments avec une puissance de quelques kilotonnes (en équivalent de
TNT).
Dans les jours qui suivirent, plus précisément les 25 et 26 janvier 2000, quelques fragments ont été retrouvés par un particulier, ce qui a permis aux chercheurs de réaliser l’importance de cet événement. Il s’agissait visiblement d’une météorite pierreuse faisant partie des chondrites carbonées, donc d'une cousine de la météorite d’Allende qui a été qualifiée de Pierre de
Rosette de la planétologie tant fut déterminant son apport à la compréhension de la naissance du
système solaire il y a 4,56 milliards d’années.
Plusieurs expéditions scientifiques ont été montées pour retrouver le plus de fragments possible en hiver et au printemps de cette année. Elles ont conduit à retrouver une dizaine de
kilogrammes à l'ouest du Canada, essentiellement dans les glaces d’une portion du
lac Tagish nommée le Taku Arm, juste au sud de la frontière de la Colombie Britannique et du Yukon.
La météorite du lac Tagish, comme on l’appelle maintenant, s’est révélée être une trouvaille spectaculaire. Selon les mots de Chris Herd, professeur au département des sciences de la Terre et de l’atmosphère de l’Université de l’Alberta, elle pourrait bien être «
la roche la plus importante qui ait jamais été trouvée sur Terre ! ».
Chris Herd, qui fait partie de ceux qui l'ont analysée, vient de faire une découverte surprenante. On savait déjà qu’elle contient de l'
olivine, des
chondres, des inclusions riches en
calcium et aluminium, de la magnétite et des composés carbonés. On savait également qu’elle ne fait pas partie des chondrites carbonées habituelles mais qu’elle constitue à elle seule une nouvelle sous-classe témoignant d’une origine plus primitive encore que les plus anciennes connues précédemment. On l’appelle désormais la classe C2 des chondrites.
Venu d'une région lointaine de la ceinture d'astéroïdes Remarquablement, les observations effectuées par les satellites américains ont permis de reconstituer la trajectoire probable de l’objet entré en collision avec la Terre ce 18 janvier 2000. Il proviendrait d’un des rares
astéroïdes de type D dans la portion externe de la ceinture d’astéroïdes, de ceux qui n’ont jamais subi de processus de
différentiation et n’ont donc jamais été modifiés par la chaleur depuis la formation du système solaire. Comme pour la
météorite de Chicxulub, les mécaniciens célestes sont parvenus à trouver un corps parent potentiel,
773 Irmintraud.
Chris Herd et ses collègues ont découvert que la météorite du lac Tagish contient un taux record d’acide formique, près de quatre fois plus que les autres météorites connues à ce jour. Ce composé organique nous est familier. En effet, même si les chimistes l’appellent plus précisément l’acide méthanoïque, il se trouve dans les dards et les piqûres de nombreux insectes comme les abeilles et, bien sûr, les fourmis. Or, l’acide formique apporté en grandes quantités sur la Terre primitive par le bombardement des météorites pourrait être, selon Herd, un ingrédient important dans les processus de synthèse prébiotiques à l’origine des acides gras composant les membranes des cellules vivantes. De manière générale, il s’agit d’un indice de plus en faveur d’un apport de larges quantités d’acides carboxyliques précurseurs des composants des premières membranes cellulaires de la vie terrestre.Infos tirées de:http://www.futura-sciences.com/fr/news/t/astronomie/d/la-meteorite-du-lac-tagish-nous-eclaire-sur-lapparition-de-la-vie_19484/