Bonsoir,
La question de Cailloux me titille évidemment. Ce n’est pas une question superficielle, des pans entiers de l’industrie combattent toutes ces oxydations que l’on dit néfastes, y compris dans le monde du vivant, puisque la mode est aux antioxydants. Pour ma part j’apprécie assez bien le resvératrol d’un bon bordeaux.
Revenons aux météorites. Pour le moment, Cailloux semble fasciné par les fers, mais il y a aussi les pierreuses. Sans entrer dans les détails, vous avez déjà entendu dire qu’il existait des chondrites « équilibrées », par opposition à celles qui ne le sont pas.
Sans le savoir, en jouant avec vos météorites, vous manipulez des produits chimiques qui sont mélangés dedans. Certains de ces produits chimiques sont inertes vis-à-vis d’autres composés présents, il ne se passe rien. Mais s’il y a une possibilité d’incompatibilité, autrement dit s’il y a un potentiel chimique, il se produira une réaction chimique, du moins théoriquement. En effet il existe des freins dans la Nature. Pour les débloquer, une élévation de la température suffira, même s’il faut monter très haut. C’est le métamorphisme thermique.
De même dans les fers (Fe-Ni), d’autres substances se trouvent que les deux métaux de base (encore qu’il y ait des différences de phases cristallines), car la différenciation n’a pas été faite par un pharmacien pointilleux. Il reste énormément d’impuretés, dont le soufre (troilite, sulfure de fer), le phosphore (schreibersite, phosphure de fer), etc, etc, etc (dont l’or qui est aussi sidérophile).
Mais il y a aussi des halogènes dont on ne parle pas souvent, dont du chlore…
Ces produits ne sont pas compatibles entre eux. Ils représentent donc un potentiel chimique.
Les chimistes font de même en électrochimie. Je rappellerai l’une des plus anciennes piles inventée par Daniell en 1836 ! Courrez voir à quoi elle ressemble.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Pile_DaniellQu’avons-nous ? Deux pôles chimiques différents : le cuivre et le zinc. Pour réaliser un travail électrique récupérable, il faut boucler le câblage qui dans le récipient sera constitué par un sel de cuivre par exemple. Si vous placer une ampoule de 1.5 volts aux bornes, elle va s’allumer (et vous n’aurez pas le Nobel). Quand la pile ainsi fabriquée est plate, elle est à l’équilibre, selon la notion développée plus haut (les piles modernes pour bagnoles marchent toujours ainsi avec des couples mieux choisis où le lithium intervient).
Evidemment, si vous êtes négligents, vous pouvez laissez le zinc au contact du cuivre, il ne se passera rien si cela reste au sec (pour bien faire, dans un gaz inerte comme l’azote, l’argon…). Mais s’il y a de l’humidité, il va apparaître des ions qui seront ainsi susceptibles de favoriser la réaction. En effet, une réaction d’oxydoréduction consiste en un transfert d’électrons d’une molécule sur une autre. C'est une réaction qui apparaît spontanément.
Voilà après un long détour durant lequel seuls les dopés m’ont suivi, la situation d’un fer météoritique. Tout comme le couple Cuivre-Zinc de la pile de Daniell, votre fer possède nombreux couples différents qui seront les points d’amorçage de la corrosion. Evidemment, puisqu’il n’y a pas de câblage, on ne peut y mettre une lumière. Par contre l’énergie se dissipera en chaleur ce qui accélérera encore la réaction. Et la rouille apparaîtra. Dans les meilleurs ( ?) des cas, le fer se délite en morceaux.
PS : la marcassite du Cap Blanc Nez ou de Champagne se comporte de même. Cette marcassite est souvent une pyrite aciculaire fibroradiée.
Si une question se pose facilement, il n’en est pas de même pour la réponse. Mais autant démythifier des notions mal comprises.
Fine Lame.