Itokawa, un astéroïde LL4-6

Hallo,
J’ai assisté à la conf du Professeur Mitsuru EBIHARA, de Tokyo donnée à l’Université de Liège ce jour.
Il a étudié 2 minuscules grains de l’astéroïde Itokawa. La sonde japonaise Hayabusa (le faucon, avec la suffixe de la buse?) a été lancée en 2003. Après plusieurs miracles, elle rentra (le 13 juin 2010) sur Terre avec des traces de poussières du régolithe d’Itokawa, un haricot de 500 m.
La récolte fut de 52 particules qui ont été déposées sur un disque de quartz.
De nombreuses manips + évoluées les unes que les autres ont été accomplies. Le conférencier a lui-même étudié par NAA, technique des plus efficaces et non destructive, deux particules dont la plus grosse mesurait 100 µm. Elle est constituée de plagioclase pointillée d’un minuscule grain de troilite.
Les résultats nombreux ont été compilés dans une série de graphes plus originaux les uns que les autres, du genre Fe/Sc par rapport au % Fe ou Ni / Co pour montrer la similitude avec les chondrites. Cela confirmait aussi que le "grain" était d’origine extraterrestre et qu’il possédait les compositions primitives.
Avec une grande précision, ils ont mis en évidence l’iridium, hautement sidérophile comme on sait.
Les rapports Ir/Ni et Ir/Co estimés pour le métal dans Itokawa sont environ 5 fois + faibles que dans le métal des chondrites carbonées CI. On observe un déficit semblable dans le métal des chondres des chondrites ordinaires. Ces métaux ont dû se condenser de la nébuleuse solaire à un moment où les éléments sidérophiles réfractaires étaient déjà condensés et donc séparés.
Les diverses météorites habituelles ont aussi été corrélées à Itokawa, comme des OC, des eucrites, des fers, etc…
La composition d'Itokawa s’identifie à un corps LL4-6 (feldspaths, olivine, pyroxènes), comme notre belle Ensisheim LL6.
Les auteurs ont confirmé ce qu’on pressentait, c’est le « space weathering » dû au vent solaire. Les particules récoltées astucieusement par de micro-impacts proviennent du régolithe de l’astéroïde. Le corps parent de Itokawa pourrait mesurer 20 km.
Les matières insolubles carbonées ont été étudiées par Katijuma.
Il reste à trouver des météorites pairées avec Itokawa. Ce serait un splendide challenge.
Fine Lame.

Tout ca est très intéressant et il y aura plus:

Le 25 Jan le gouvernement japonais a donné son consentement pour effectuer la mission Hayabusa 2

L'objectif devrait être de l'astéroïde géocroiseur 162 173 1999 JU3.

C'est un astéroïde Apollo de type C , la taille: 980 ± 29 m
Début de la mission: 2014
Arrivée: 2018
Retour de matériel (espérons): 2020

Martin

En effet, c'est même un CI.
C'est bien ce que Mitsuru Ebihara a dit vers 17 h.
Je suppose que la recherche des molécules carbonées les passionne.
Quand on sait avec le team de Munich (avec Zelimir), le nombre incalculable de molécules découvertes. Des centaines de mille dans Murchison.
Quelle est la raison de cette richesse ? La fantaisie infinie de la chimie organique quand on lui laisse la bride sur le cou.
Rien à voir avec l'apparition de la vie. Mais une preuve que cette immense inventivité de la chimie organique (que les hommes maîtrisent assez bien) a donné à la vie l'occasion de naître. Car même à l'époque du boson, aucune chimie autre que celle du carbone ne pouvait héberger la vie et son "âme".
Fine Lame, organicien de métier.

C'est génial !

Une LL4-6 est-elle quelque chose d'à ce point "isolé" des autres corps chondritiques pour qu'on puisse déterminer la nature globale d'un astéroïde à partir de grains minuscules ? Et peut-on s'attendre à des corps-parents d'une telle cohérence de classif, dans leur ensemble ?

Mais quelle merveille, ramener ainsi "de l'astéroïde" !

Evidemment Serge, ta question a été posée. C'est évident qu'un grain de sable de Californie ne représente pas les gisements de cuivre du Katanga.
Mais Itokawa est un corps non différencié, lui-même ayant été éjecté d'un astéroïde plus gros.
On peut supposer que tous les astéroïdes ne sont pas des camions poubelle comme Almahata Sitta. Je pense que le régolithe doit être assez typique de l'ensemble, à la détérioration près par le vent solaire (perte de tous les volatils).
Ce qui est plus significatif ce sont les diverses signatures isotopiques.
@ +
Fine Lame.

Je ne pensais pas être original, mon cher Roger. Comme la question devait être posée ici aussi, autant le faire.

Mais au fond, parmi les divers biais statistiques, "nos" météorites devraient en général plutôt sur-représenter le matériel de surface ou presque surface ? Je veux dire, "de surface" avant l'impact "dernier", celui qui met sur orbite croisante ?

Et bien sûr, je demande à propos d'un biais "en général", les métalliques et les diogénites par exemple nous montrant bien à part ça que nous disposons d'un échantillonnage "large".

Bonjour,
L’exemple de Vesta est parlant. C’est la mère présumée des HEDO.
Les eucrites sont issues de la partie supérieure du manteau.
Les diogénites proviennent des profondeurs du manteau.
Les olivines diogénites remontent d’une ancienne cave magmatique (cumulat) encore inférieure.
Les dunites (diogénites) étaient enfouies encore plus profondément dans le manteau de Vesta. Elles sont beaucoup plus rares.
Les howardites résultent de l’expulsion d’un mélange eucrite-diogénite du sol planétaire.
Comme Vesta a été différenciée, elle est par évidence non homogène.
Mais il n’y aucune raison de penser qu’un petit astéroïde du type chondritique ne soit pas homogène. Aucun processus physique n’a pu séparer les composantes minérales les unes des autres.
Donc, hormis l’altération (importante) par le vent solaire, les résidus me semblent représentatifs de l’ensemble, surtout par les divers aspects isotopiques.
L’albedo d’un corps est d’ailleurs intimement corrélé au régolithe qui s’y trouve.
Fine Lame.

Bien dit Roger
Ne pas oublier aussi qu'une poussière silicatée de 0,1 mm de diamètre possède encore plus de 10 million de milliard d'atomes et comme on est capable d'identifier et compter les atomes (et isotopes) un par un, on peut faire beaucoup d'analyses.