Bonjour,
Que penser de la présence d’éléments radioactifs dans les météorites ?
En réponse à un mail vite disparu du forum hier, je propose ces réflexions. Ce n’est qu’un sujet de discussion, mais il est rarement abordé.
La technologie mise à la disposition de la Science a bien évolué depuis 1975 environ, quand les ordinateurs puissants se répandirent sur la planète. Chaque décennie a renforcé depuis la tendance. On en est arrivé à faire des analyses à distance comme le fait le robot Curiosity sur Mars.
Transposer ce concept sur la Terre, dans la vie de tous les jours, me paraît une imprudence. La pétrologie (et la pétrochimie) est un tout qui demande une confluence de plusieurs principes et techniques analytiques.
Ainsi donc, un correspondant postait hier le résultat d’une analyse surprenante faite à Madagascar réalisé dans un Institut. J’aurais souhaité que l’ami Malgache fasse aussi une analyse d’un granite de Bretagne. Quels auraient été les résultats ?
C’est une analyse qualitative, c’est le moins qu’on puisse dire. On n’a aucune idée des ordres de grandeur des proportions présentes. Je présume que les radioéléments sont en quantité tellement négligeable que la roche est dite « non radioactive ». Cette roche n’est donc pas un minerai. J’en conclus que sa valeur est nulle (puisque cet aspect semble rester la principale préoccupation de l’auteur du mail). Ce n’est pas bien sûr une météorite.
Pourquoi puis-je proposer cette affirmation ? L’uranium, le thorium et le potassium (tous radioactifs d’après l’analyse) sont des éléments lithophiles, se combinant préférentiellement à l’oxygène. Leur présence est typique d’une roche terrestre.
Les chondrites primitives (les plus) ont la même composition que la photosphère solaire, hormis les éléments volatils. Aucun processus dans une météorite ne conduit à un enrichissement de la proportion d’éléments lithophiles. Pour cela il faut des réactions d’équilibration des magmas qui en queue de cristallisation des silicates intrusifs abandonnent des minéraux riches en éléments lithophiles, comme ceux cités, et aussi d’autres dont les Terres Rares (pegmatites).
Ce type de roches doit contenir aussi des oxydes de fer comme la magnétite, cela expliquerait l’attraction magnétique.
Ces précisions étant données, cette roche malgache est peut être intéressante. Cela peut être une belle roche. Est-elle typique d’un gisement, ou absolument isolée et trouvée par hasard. De quelle région de Madagascar provient-elle ? Avant d’utiliser ces machines modernes presse-boutons qui font des analyses comme celles des prises de sang, il y aurait intérêt à procéder par ordre. Quel est le type géologique, etc. ? Peut-on en voir une photo ? ou celle d’une section ? Trouve-t-on des minéraux particuliers dans le secteur ? Est-ce donc une découverte aléatoire dans une région quelconque ? Une étude pétrographique s’impose en premier lieu.
Un intervenant devrait aussi donner le topo général de sa découverte, à moins qu’il ne soit tombé sur un trésor à exploiter…
Le mystère de l’au-delà (de la Lune) conduit souvent l’imagination dans des verts pâturages célestes, riches en or par exemple. Il ne se passe pas d’année sans que la TV n’invoque que l’or terrestre est d’origine météoritique. Mais ceci est une autre histoire, parallèle à celle-ci, que je n’aborderai que si vous le demandez…
Fine Lame.