Vincent,
En ce qui concerne ton histoire vécue, je ne suis pas sûr qu’elle soit bien représentative et je suis un peu surpris par tes jugements.
Que des marocains fassent une « tournée » chez certains nomades pour récupérer des météorites cela existe effectivement mais cela ne ce passe pas toujours ainsi. De nombreux nomades traversent le Sahara pour vendre leur(s) trouvaille(s) dans la région d’Erfoud et de Rissani. Il existe également le cas où la pierre est achetée de multiple fois avant d’arriver dans le Sud du Maroc.
Naturellement, beaucoup de gens qui travaillaient dans les fossiles (orthocères, trilobites, etc.) dans cette région du Maroc se sont lancés dans le commerce des météorites quand la première personne (que tout le monde connaît) a commencé à faire prospecter des gens dans cette région. C’est pour cette raison historique que le commerce s’est centralisé là-bas.
Je n’ai jamais entendu parler de nomades ayant abandonné leurs troupeaux pour faire exclusivement la recherche des météorites. En fait, leur bétail est leur unique richesse et leur moyen de subsistance. Ils couvrent des distances énormes avec familles et troupeaux, et ceci depuis toujours. Par exemple, du Sahara occidental à l’hamada du Guir puis ensuite jusqu’à la région de Bouarfa au gré des pluies et des nouveaux pâturages. Depuis quelques années, la pluie tombe plus abondamment, au printemps, toujours par exemple, le Sahara occidental est « vert ». Évidemment rien à voir avec la France et la Belgique…
Les nomades que j’ai rencontré sont des hommes libres, ont des connaissances en astronomie étonnantes et ne sont pas dans le besoin comme on pourrait le penser en lisant ton histoire. Par contre, je suis du même avis que toi, les nomades ne connaissent pas la « vache qui rit », mais bon quelle idée d’aller dans le désert avec un aliment si peu adapté…
Les nomades existaient avant la recherche des météorites et existeront encore bien après.
En fait, je pense que dans cette histoire, sauf cas exceptionnel, personne ne fait fortune. Les intermédiaires, qui peuvent être très nombreux, font une marge de commerce quasiment normale à chaque étape. De plus en plus de nomades découvreurs font le trajet jusque dans le Sud du Maroc pour vendre leur pierre directement. C’est pour cela que l’on peut trouver des chondrites à vendre le prix d’une lunaire…
Personnellement, je n’ai aucun scrupule à acheter une NWA, je n’ai que très rarement fait une marge supérieure à celle de tout commerce. Nous achetons nos NWA depuis 2000 à la même personne, un ancien nomade sédentarisé (né du côté du Jbel Bensour), qui est, depuis bien longtemps, considéré par nous comme un membre de la famille et réciproquement. Dans ce cas-là, il n’y a pas d’autre intermédiaire et je pense que nous faisions du commerce équitable avant que ce soit la mode car, que ce soit le nomade découvreur, notre partenaire marocain ou nous, personne n’a fait fortune… Le seul intérêt que je vois là-dedans c’est que des météorites intéressantes ont atterri sur le bureau des scientifiques ou chez des collectionneurs.